Au XIXe siècle, jusqu’en 1909, le service militaire était fonction d’une loterie. Le tirage permettait de désigner les conscrits ([1]).

Selon la coutume, tous les jeunes hommes âgés de vingt ans devaient d’abord aller se faire inscrire sur la liste de conscription ouverte au mois d’octobre à la maison communale de leur village

En février de l’année suivante, le garde-champêtre portait les convocations ordonnant de se présenter au siège de recrutement. La convocation était remise contre un récépissé signé par le conscrit ou un membre de sa famille, ceci afin d’éviter toute contestation qui pouvait survenir avant la date du tirage au sort.

Le nombre d’appelés était établi d’une manière coutumière et variable d’année en année. Supposons que pour le district de milice, il y avait 200 inscrits. Si l’autorité militaire demande 70 hommes, le numéro 70 est le « bidet ». Tous les numéros en dessous du bidet, étaient ceux qui devaient servir sous les drapeaux, ceux qui étaient entre 71 à 140, iraient soldats en cas de besoin. Le reste, c’est-à-dire les numéros 141 à 200, appelés par coutume «les gros» étaient reconnus comme «les bons»: les jeunes gens qui avaient eu la chance de les tirer étaient « hors », c’est-à-dire libres du service militaire.

Pour essayer d’échapper au service militaire, les «douteux» faisaient leur possible pour que l’on recrute des hommes parmi les ajournés des années antérieures, et, dénonçaient les «carottiers». Plus on acceptait d’ajournés, plus on descendait dans les numéros douteux pour en faire de bons numéros.

Le jeune ayant tiré un bon numéro n’était pas encore certain de sa chance, car il y avait les ajournés et ceux qui se faisaient remplacer en payant une somme d’argent dite «prime» de cinq cents ou mille francs et plus, à un remplaçant qui avait tiré un bon numé­ro. On a vu des jeunes gens, qui étaient libres accomplir le service militaire pour un autre qui était malade ou qui avait les moyens de se payer un remplaçant.

Les mauvais numéros, donc les tombés appelés, devaient servir l’armée quatre années dans l’artillerie ou la cavalerie ; les troupes d’infanterie ne faisant que vingt-deux mois.

Le milicien remplaçant était mal vu de ses camarades qui l’appelaient prime en raison de la somme d’argent qu’il avait reçue des parents d’un garçon tombé mais riche.

Par contre, certains s’offraient comme remplaçants, surtout les mineurs qui trouvaient que le métier de soldat était bien meilleur que celui qu’ils pratiquaient, étant à l’armée logés, nourris, habil­lés, instruits et recevant une solde.


[1] Selon l’usage de l’époque, ce nom fut emprunté aux Romains qui désignaient par « conscripti » (inscrits ensemble), les hommes parmi lesquels on enrôlait les légionnaires

La conscription avait un tel effet sur les familles que certaines cotisaient pour s’en protéger.

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